
Est-on une mauvaise mère si on n’a pas envie de coudre pour son enfant ? Vous avez quatre heures (… pour appeler les services sociaux).
Jusqu’à notre départ en vacances début août, je me suis fait un planning de couture bien précis, semaine par semaine. Ça flatte mon sens maniaque de l’organisation, et l’échéance que ça me donne me contraint à me bouger même quand je préférerais passer la soirée à glander. Ha ça, y’a pas à dire, je sais m’amuser quand j’ai une passion, moi.
Dans cette liste qui comprend une robe, un maillot de bain, une jupe etc, j’ai inséré un peu de couture pour Mini. Pas par goût pour les fringues miniatures, ni par envie irrépressible qu’elle porte du Made In Maman, mais par culpabilité. Oui.
Moi, j’aime coudre pour moi et puis c’est tout. Ça m’est bien sûr arrivé de coudre pour d’autres, pour faire plaisir ou pour dépanner. Mais à l’origine, si j’aime autant coudre, ce n’est pas pour la pure beauté de la technique (bien que j’aime beaucoup mes séances de travail) mais pour le résultat fini. Pour le vêtement qui va en résulter. Vous savez, cette expression qui dit que l’important n’est pas la destination mais le voyage, bla bla. Mes genoux, ouais. L’important, c’est d’avoir une nouvelle jolie fringue à me mettre.
J’aime ma Mini plus que moi-même, évidemment. Et je me suis donc dit que dans une liste de 5 ou 6 réalisations, il fallait au moins que j’inclue quelque chose pour elle pour témoigner de cet amour. On notera au passage que la culpabilité ne s’étend pas jusqu’à son papa, abandonné sans vergogne à lui-même et à son triste combo quotidien jean / tee-shirt.
Donc le projet de la semaine pour Mini, j’y arrive après cette longue entrée en matière, c’était : une barboteuse en broderie anglaise, une robe en voile plumetis, une salopette en coton, deux bobs.
Un poil ambitieux pour une semaine de couture (soit 2-3 soirées en vérité), en y repensant. J’étais visiblement sous cocaïne quand j’ai noté ça dans mon planning.
Bon, j’ai fait la barboteuse uniquement. Chacun dans son quant-à-soi jugera s’il s’agit d’un demi-succès, ou d’un demi-échec.
En même temps, il y a aussi des raisons objectives à renâcler. Coudre pour un bébé, certes c’est rapide. Mais ça veut aussi dire : qu’elle le mettra un mois à tout péter, et que le truc va passer plus de temps dans la machine à laver que sur elle (rapport à la gamme extrêmement étendue des taches qu’elle va joyeusement y faire).
Alors il va me falloir considérer que mon amour maternel s’incarne (en tout cas tant qu’elle est si petite) dans autre chose que les vêtements faits maison, car j’ai une nouvelle réalisation prévue sur mon planning de la semaine à venir (… pour moi), et je n’ai pas l’intention d’en retarder l’exécution pour lui bricoler d’autres fringues à durée limitée !
(Le Club des Mauvaises Mères vient d’appeler, ils me voudraient comme présidente)
Ceci étant, n’étant jamais à un paradoxe près, je suis très contente du résultat de cette barboteuse, et ravie d’avoir déjà pu la lui faire porter. Pour les photos en situation, vous excuserez la faible qualité, mais le mannequin n’était pas très coopérant.
C’est un modèle Burda quasi vintage puisque c’est le numéro de juillet 2008. Je l’ai fait en taille 80cm (=18 mois) sans modifications, dans une chute de broderie anglaise qui me restait. J’ai juste raccourci un peu l’élastique de la coulisse du dos, sinon ça aurait été trop ample. Et j’ai mis des pressions KAM à la place des boutons, mais je trouve qu’elles s’emboîtent franchement mal, ce qui est souvent le cas avec ces pressions en plastique, je ne sais pas s’il y a une façon d’y remédier.
Toute mauvaise mère que je suis, ce n’est pas la première fois que je couds pour elle. Avant sa naissance je lui avais réalisé une gigoteuse (vite trop petite) et une cape de bain qu’on continue d’utiliser quotidiennement.
Surtout, j’avais voulu lui coudre une petite robe « souvenir » pour son premier anniversaire. Là, j’étais sincèrement motivée par le côté « patrimoine », marquer le coup, lui dire dans 15 ans « tu vois, ça c’est la robe que j’avais cousue pour ton premier anniversaire, tu avais vomi ta part de gâteau dessus« , etc.
Le patron provient d’un Burda de juillet 2012, mais honnêtement on peut juste parler de base de travail, car je l’ai relifté de partout pour arriver à cette robe que j’aime beaucoup. Et elle était trop, mais alors trop kawai là-dedans le jour de son anniversaire.
Voilà, je considère que j’ai accompli mes obligations de couture maternelle pour au moins 2-3 mois. C’est ainsi, l’esprit délivré, que je m’en retourne à ce que je préfère : DES TRUCS POUR MOI.
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