
Alors que les sanglots longs des violons de l’automne se rapprochent dare-dare, il me semble impératif de faire le bilan du me made porté cet été.
Situons d’abord le contexte : à la fin du mois de mai, j’ai pu intégrer la formation de modélisme-patronnage que je n’avais prévue qu’en septembre. J’étais ravie, mais je n’ai pas vu venir l’épuisement qu’allaient générer 20h hebdomadaires de formation (+ 2h de transports + 2h de travail personnel pour faire les exercices demandés – par jour) + 20h hebdomadaires de bureau + une enfant de deux ans à gérer tous les soirs et le samedi (papa a des horaires décalés).

Ca a duré dix semaines, et je suis sortie de cette période comme d’une lessiveuse après l’essorage (celui à 1600 tours/min). Mais avec une bonne note.
Il faut dire que je m’en suis sérieusement rajouté sur le râble quand, vers la mi-juin, j’ai décidé de coudre ma garde-robe des vacances. Six fringues, pas moins, à boucler en six semaines. Avec un quota de temps libre estimé à environ 13 minutes par jour. J’étais LARGE.
Mon secret ?… Dormir, c’est pour les faibles. Alors OUI, la carence en heures de sommeil provoque assez rapidement un état semi-dépressif qui peut donner envie de sangloter parce qu’on a raté le début de Top Chef, ou de mettre une gifle en réunion à un collègue qui sirote son café trop bruyamment. Mais qu’est-ce qu’un brin de santé mentale sacrifiée face à la couture de son propre maillot de bain ?
Six fringues donc, que j’ai pompeusement appelées ma « Capsule Eté » (genre) et qui ont fait l’essentiel de mes tenues estivales.
Dans l’ordre de réalisation, voici les trois premières : un short, un caraco et un maillot de bain (« un miao-bain », comme dit Léonie, et je trouve ça tellement mignon que je n’ai plus envie d’utiliser le vrai mot).
1/ LE SHORT
Patron : Burda, juillet 2013. Taille 38. Le tissu est un reste de denim selvedge de Gaston le Futal.

Expérience : déjà cousu en 2013 en version « ville », en tweed. Un peu foiré, peu porté en raison d’une perte de poids, et vraisemblablement bazardé ou donné. Comme entre-temps j’ai retrouvé les kilos perdus (ils étaient dans le pot de pâte à tartiner), je suis partie sur la même taille qu’alors.
Bilan : ce modèle est taille basse. Ce qui veut dire, chez moi, « très taille basse », car ma hauteur de montant (entrejambe-taille) est plus grande que le standard. J’ai un grand ventre. Pas gros, hein. Grand. Long. Enfin, je suis un machin monstrueux avec une autoroute entre le pubis et les côtes flottantes.

La Marjo de 2013, en rangeant le patron après usage, avait annoté que la ceinture (une simple bande droite) avait dû être sévèrement reprise au milieu dos, car elle baillait plus qu’un étudiant en amphi de droit constitutionnel à 9h du matin. La Marjo de 2020 a constaté de nouveau ce gros décalage (ceinture droite = pas bien du tout pour les cambrures marquées et les tailles basses) et a transformé la ceinture droite en ceinture en forme. Le résultat a donné un short très porté pendant toutes les vacances, et dont j’ai apprécié le confort, puisque sa taille (très) basse a laissé toute latitude à mon ventre pour donner sa mesure, cette fois horizontalement, après une bonne paëlla des familles ou la tarte au Maroilles de ma mère (la cuisine légère comme je l’aime en été).

2/ LE CARACO
Patron : top « Hanging Song » de la marque Festive Road, de l’inénarrable Biquette alias Vicomte de Boisjoly (… mais je soupçonne ces deux appellations d’être des pseudos). Taille 40. Chute de coton fleuri, en stock depuis l’élection de François Hollande.

Il FAUT, si vous ne connaissez pas Biquette, vous ruer sur son blog. Geek du modélisme auto-formée, chercheuse obsessionnelle du beau tombé, pourfendeuse donquichottesque d’une certaine marque de patrons qui a lancé sa carrière en plagiant purement et simplement du Burda (et qui connaît toujours, ce qui me désole, un grand succès après avoir fait taire toute critique par voie d’avocat), et par-dessus le marché, plume extraordinaire à l’humour lapidaire et cultivé. Et par-dessus le marché du marché, elle conçoit des patrons de qualité professionnelle qu’elle propose gratuitement. Ouaip.

Expérience : cette déclaration d’amour étant posée, c’est néanmoins la première fois que je couds l’un de ses patrons (je réitérerai certainement cet automne avec un autre modèle).
Bilan : Dans ce tissu tout en discrétion feutrée, j’avais cousu la chemise ci-dessous, pas plus conservée que le short en tweed évoqué précédemment (je confonds trop souvent tri et extermination dans mes placards). Elle m’avait pourtant valu qu’une dame m’aborde dans un café parisien pour me demander où je l’avais achetée… Inutile de vous dire que ça m’avait fait la semaine.

Bref, 60 cm de ce vieux tissu, qui attendaient la retraite dans mon placard, sont devenus ce caraco parfait pour les fortes chaleurs. Je n’ai rien changé au modèle, hormis les bretelles que je n’ai pas faites en tube (ma kryptonite de couturière… je serais incapable de retourner un tube de tissu même si ma vie en dépendait, ce qui est rarement le cas, heureusement) et que j’ai un peu raccourcies. J’ai adoré le porter pendant les jours les plus chauds de l’été, sans soutif, le sein libérééé délivrééé (comme je l’aime le plus souvent possible).

3/ LE MAILLOT DE BAIN
HA, le miao-bain. LA pièce maîtresse. Celui sans lequel il n’y a pas de valise estivale digne de ce nom, même quand on part en vacances à Montargis (je suis désolée si vous étiez en vacances à Montargis – surtout pour vous).
Patron : maillot Dauphine de France Duval Stalla. Tissu lycra en stock depuis la réélection de Barack Obama. Taille M.

Expérience : c’est mon premier contact avec cette marque, dont l’univers classieux – et surtout un peu trop onéreux pour ma bourse – ne me parle pas tellement (tout effet de hype tendant systématiquement à faire fuir mon esprit porté à la contradiction), mais dont je convoite ce patron de maillot depuis une bonne année. Il existe en kit avec le tissu et le biais fournis, mais je m’interroge sur l’intérêt de réaliser exactement le même maillot que 2000 autres couturières… Et puis, j’avais déjà un lycra en stock depuis Mathusalem, une brillance à paillettes façon disco, qui n’attendait que son heure de gloire pour faire de moi la Donna Summer du pauvre.

Bilan : une couture pas si facile qu’il n’y paraît, ou plutôt qui demande de bien respecter les instructions. En effet, il est recommandé de ne pas froncer au niveau des hanches pour éviter la surcharge de tissu sur les côtés, et je plussoie très fortement. Je n’avais pas respecté cette consigne au premier assemblage, et v’là le sac à patates pailleté que ça donnait !!! J’ai décousu, veillé à une meilleure exécution de mes fronces, et appliqué sur la partie haute du maillot une marge d’1,5 cm au lieu d’1 cm (sur la couture reliant haut et culotte) pour diminuer le bouffant. Pour la culotte, j’ai augmenté la hauteur de 2 cm (toujours cette particularité de ventre-autoroute) et échancré le devant de l’entrejambe d’1 cm supplémentaires. L’échancrure sur les fesses était parfaite pour mon joufflu.

Ce maillot, je l’ai porté intensivement. Plage et mer, piscine, base de loisirs… et la majeure partie du temps, en présence d’une enfant de deux ans passionnée par la découverte de l’univers aquatique, et bien décidée à détruire mes organes internes à coups de joyeux sauts sur Maman. Je peux donc vous dire que c’est un maillot vraiment confortable et pratique – à condition, peut-être, d’être plutôt dans la team « petits boobs ». J’ai cousu les deux pans devant ensemble par quelques points pour éviter tout incident Janet Jacksonien.

Suite de cette « Capsule Eté » dans un second article à venir – du moins je l’espère, car je repars en formation le 7 septembre, toujours pour 10 semaines, toujours sur le même rythme hebdomadaire frénétique.
Mais cette fois, j’ai appris de mes erreurs et je n’ai en projet, avant mi-novembre, qu’un blouson, un pantalon sur mesure, un chemisier sur mesure, de la lingerie et un manteau d’hiver. Je suis LARGE.
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