
Aujourd’hui, une histoire d’Amour plus fort que la Mort. De la passion !!! De la séparation !!! Du déchirement !!! Des retrouvailles !!! – et des carreaux.

Retour en arrière. Nous étions à la fin de l’année 2016, lorsque je ressentis le besoin de construire enfin une relation durable – avec un manteau, un vrai. Jusqu’alors, je papillonnais sans stabilité, enchaînant les histoires sans lendemain avec des pardessus du commerce qui montraient vite les limites de leurs poches fragiles, ou avec des doudounes disgracieuses – celles auxquelles on cède parfois dans un moment de faiblesse, mais dont on ne tombe jamais durablement amoureux.
Il était issu d’une bonne famille, l’élu de mon cœur (Burda, numéro d’août 2014). Son allure classique et son petit col tailleur, associés à une silhouette oversize désinvolte, lui donnait un irrésistible charme canaille. Je l’avais conquis avec quelque difficulté. Je l’avais un peu obligé à changer pour moi, c’est vrai (des poches paysannes à la place de ses poches dans les coutures, une martingale dos, des bas de manches élargis). Mais l’alchimie avait fonctionné. Il s’est lové autour de moi, et notre amour a duré trois ans (classique).
Parfois, quand on aime, on dévore l’autre. On en demande trop. On ne tient pas compte de ses limites. Et c’est ce que j’ai vécu avec Lui… Je l’ai poussé à bout. J’ai été exclusive avec lui pendant toutes ces années, ne le laissant jamais souffler, l’obligeant à rester avec moi, chaque jour d’automne et d’hiver. Et il a craqué, bien sûr ! (… à la doublure, puis aux aisselles).
Bon sang, ce que je regrette ! Ce qu’il a pu me manquer, à la fin de l’année 2019 !!! Ce fut le retour à l’ère des doudounes fades, ces matins où on se regarde dans le miroir avant de partir, et on n’aime pas ce qu’on voit.
Et puis une nouvelle rencontre changea tout, me tira de cette morosité du vêtement hivernal. Cette fois, c’est un militaire qui me tourna la tête. Conquis de haute lutte, lui aussi… Sa ligne élégante, sa sobriété, l’apparent classicisme de son caractère qui cachait en réalité un grain de folie… Notre rencontre a fait des étincelles. Il vint au cœur du désarroi pour chasser les mauvaises fièvres, et j’ai flambé comme un genièvre à la Noël entre ses doigts.
Mais j’avais appris. J’avais retenu la leçon. Quand on aime, il faut parfois savoir laisser l’autre respirer, apprendre à se défusionner. En manteaulogie, la pérennité de la relation dépend de… la polygamie. Aller voir ailleurs, se draper dans d’autres étoffes, conserver le désir intact – et les fonds de poche itou.
Alors, j’ai décidé d’offrir une alternative à mon nouveau compagnon. Un remplaçant, pour qu’il puisse s’épargner – tenir la distance. Mais bien sûr, quand vint le moment de trouver le candidat idéal, il va de soi que mon coeur n’avait rien oublié de ces trois belles années passées avec le number one. Et j’ai tenté de ressusciter cet amour, de le faire revenir d’outre-tombe.


C’est une illusion, bien sûr. On ne ramène pas les morts à la vie. Mais on peut vivre autre chose, une nouvelle histoire. Le nouveau venu n’est pas aussi protecteur que son modèle (lainage un poil trop fin, des Coupons de St-Pierre). Mais il fait de son mieux, avec sa doublure en micro-polaire… Un châle épais, ou un bonnet funky (tous les deux maison) lui prêtent main forte pour me réchauffer.


Il est aussi plus structuré (grâce à son tissu plus fin, justement), je lui trouve une ligne plus nette. Il n’a pas voulu de la martingale, il disait que ça le déformait un peu – je n’ai pas voulu lui imposer, et puis c’est vrai que ça lui allait moins bien. J’ai insisté pour qu’il conserve les poches paysannes – doublées en micro-polaire, quel bonheur, c’est comme s’il me prenait délicatement par la main à chaque fois que je les glisse à l’intérieur.

Et puis, pardon, je ne veux pas être triviale – mais du point de vue esthétique, Dieu qu’il est craquant. Il a soigné ses raccords, c’est un vrai délice pour les yeux.


Il cache une petite note coquine de rouge dans le col, qui relève le gris bleuté de ses carreaux…


Il est totalement dans le coup. Les manteaux à carreaux c’est THE tendance lourde de cet automne. Il le sait bien, il en joue, et moi je craque – me prenant, avec lui, pour une hipster new-yorkaise qui boirait des pumpkin spice latte en arpentant les rues animées de Brooklyn.


A dire vrai, le charme de la nouveauté faisant, c’est surtout lui qui m’accompagne ces jours-ci. On se découvre, on s’apprivoise, j’adore sa compagnie. C’est le risque de la relation polygame : le déséquilibre. Favoriser l’un, délaisser l’autre. J’essaie de ne pas céder à cet écueil, à nouveau.


Et puis, je vais être honnête… Tu diras que je suis insatiable, une vraie croqueuse de manteaux maison… Mais j’ai dans le stock un coupon de lainage absolument magnifique, et je pense déjà… à me fabriquer un troisième compagnon.
C’est ça le plus beau, dans l’amour avec les manteaux : plus ils sont nombreux, plus ça dure.
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