
Houston, on a un problème.
Il se passe un phénomène étrange et pénible, cette année : le temps semble rétrécir plus sûrement qu’un pull en laine vierge passé en machine à 60 degrés. Je ferme les yeux une seconde et ma fille a trois ans. Je me retourne et les vacances sont finies depuis un mois. Je tourne la tête et la rentrée scolaire est passée depuis quinze jours… A ce rythme-là, le gros barbu en rouge devrait passer au-dessus des cheminées dans vingt-sept minutes.
Bref, le temps me manque, il me manque même cruellement, comme un vieux pote de fac qu’on aurait arrêté de fréquenter par la force des choses. Et ce pull en est la douloureuse incarnation : quand je l’ai mis sur mes aiguilles, le COVID était une petite grippette qui nous venait d’Orient. Quand je l’ai fini, l’été 2021 n’était pas commencé. Quand je trouve enfin le temps de le bloguer, la Toussaint frappe à la porte (… cela dit, elle a l’air bien installée depuis avril, celle-là).
Bien sûr, cette carence temporelle aigue s’accompagne d’un constant brouillard de culpabilité, permanente et contradictoire. Culpabilité de trop travailler, mais d’être toujours aussi submergée par un tsunami de boulot. Culpabilité de glander deux heures quand ça m’arrive, mais aussi de ne pas m’octroyer plus de temps libre. Culpabilité de ne pas passer tout mon temps libre à jouer avec la petite, mais aussi d’avoir des lessives en retard, une maison jamais nickel, des fenêtres décorées de traces de doigt et des placards dont le dernier nettoyage de printemps remonte à 2019.
Et le plus croquignolet de tous, je te le donne en mille : culpabilité de culpabiliser.
… Mais sinon ça baigne !
Tiens, à force de faire ma thérapie en public, j’en oublierais presque de causer tricot (… voilà, je me sens coupable).
En même temps, que veux-tu que je te dise… je l’ai fini depuis le mois de mai. Déjà que je ne me souviens pas de la fin du film qu’on a regardé la semaine dernière !…
Faut croire qu’il n’y a pas eu d’embrouille majeure. Le modèle s’appelle Olive Leaf, je l’ai chopé sur Ravelry, la laine c’est de la Malabrigo Sock couleur « Solis » (un bonheur à tricoter, ce petit fil doux, souple et rond).
Ah si, une anecdote amusante me revient (roulement de tambour) !!!!
Durant toute la phase de tricotage, j’ai veillé à ne pas le tricoter trop long (aux manches, au corps) pour anticiper l’agrandissement qui surviendrait avec le blocage. Et donc je le finis, je le mets à tremper dans l’eau shampouineuse, je l’étends pour le sécher et là… J’avais une robe pull qui m’arrivait à mi-cuisses. Quinze mois de boulot pour obtenir un truc qui servira de pyjama, ça met toujours en joie.
Mais une fois séché, magie, le pull a pris exactement sa bonne taille.
… Oui, bon, j’avais annoncé une anecdote amusante, j’avais pas non plus promis le Festival du Rire, hein.
Voilà. Tu auras peut-être lu entre les lignes, fine mouche que tu es, qu’au train où ça va, je ne m’oriente pas vers une accélération du rythme de publication sur le présent blog. Il se pourrait même qu’il passe un peu l’hiver en hibernation…
J’en culpabiliserais presque, je n’en suis pas à ça près.
A la limite, si tu as envie de vérifier si je suis toujours en vie, passe donc sur Instagram (@marjo_sabali), je crois que je vais publier plus souvent là-bas. Ca va plus vite, je peux caler ça entre deux tourbillons professionnels et domestiques, et aussi il y a des photos de chiots et des tutos beauté pour se peindre Les Tournesols de Van Gogh en miniature sur les ongles. Le paradis, quoi.
A la revoyure ami·e lecteur·se, dès que la vie me laisse souffler plus de deux minutes, je reviens raconter quelques blagues débiles par ici, c’est promis !