
Allez zou : déconfinement du blog. Pendant ces deux derniers mois, j’ai lu « Trotro et Zaza prennent le bain » et « Martine à la Ferme » environ 2 737 fois à ma fille, j’ai assisté à des réunions Zoom, j’ai fait cinq fois des crêpes, j’ai tondu la pelouse, j’ai cousu avec régularité… mais je n’ai eu ni le temps ni l’envie de tenir ce journal de couture.

De toute façon, créer un peu de distance ne rend-t-il pas plus doux nos retrouvailles ? Car on sait tous comment c’est : quand un article sort par semaine avec régularité, la routine s’installe… On ne se regarde plus comme avant, on se dit « j’irai lire ça plus tard »… La séduction n’opère plus… Et on se retrouve à lire d’autres blogs, plus excitants, plus nouveaux.
Ne niez pas, je le sais.
Sur ces huit semaines, j’ai cousu : une chemise, une jupe, une blouse, une robe pour moi, une robe pour la p’tite, deux tee-shirts. Si l’on considère que j’ai télétravaillé sur mes jours habituels, cuisiné une centaine de repas, confectionné une soixantaine de masques et participé à l’atelier « blouses » pour l’hôpital près de chez moi – la productivité est bonne, bébé.
En dépit de tout bon sens, l’entrée du jour de ce journal portera sur mes réalisations les plus récentes : de la couture fraîche de la semaine dernière (et une de 2017).
Faut-il encore présenter le patron de tee-shirt Plantain, pour celles et ceux qui dormaient depuis 2014 ? Je ne vous ferai pas cet affront. Tout le monde connaît le merveilleux tee-shirt « couteau suisse » de Deer & Doe, qui a tout bon puisque sa coupe est parfaite, ses variantes sont multiples et gâteau sous la cerise, il est gratuit.
Voici les trois Plantain dont j’ai doté mon armoire à vêtements. Leur caractéristique commune est d’être confectionnés dans des chutes, ou dans des tissus dont je ne savais pas trop quoi faire, et/ou d’être des coutures d’étude » que je finis par adopter dans le dressing. Attention, storytelling.

1/ Le premier de la lignée, cousu en 2017, a permis d’utiliser 1,50m de jersey marron à pois dorés, acheté sur un coup de tête (Mondial Tissus, je crois) et qui a bien sûr hiberné pendant une ou deux années dans le stock sans que je ne sache qu’en faire. On notera pour la science que ce comportement erratique est la raison principale d’un stock de tissus relativement important qui me permettrait de faire face à deux, trois ou dix confinements supplémentaires sans avoir besoin de foutre le pied dans une mercerie. Envoyez les microbes, je suis au taquet.

Ce premier essai marque aussi une transition importante de ma vie de couturière, et je m’en vais vous la narrer céans. C’est ma p’tite maman qui m’a appris les bases de la couture de vêtements. Elle m’a transmis la méthode qu’elle tenait elle-même de sa mère, à savoir le bâti tailleur : quand on reprend le patron sur le tissu, on pose la pièce (sans marges) sur le tissu et on marque celui-ci en faisant des « bouclettes » avec du fil à bâtir qu’on enlèvera après l’assemblage. Ainsi, les lignes et les repères de couture sont précisément indiquées. C’est une méthode longue, mais très précise, qui permet de marquer les deux côtés du tissu de façon parfaitement symétrique.

J’ai donc procédé de cette façon pendant des années, en évitant plutôt les patrons avec marges incluses (puisque je devais les enlever pour faire le marquage), et l’idée de coudre en suivant les marges me paraissait bien trop approximative. Et de fait, cette école de rigueur explique certainement mon goût de la couture soignée aujourd’hui. Mais cette méthode présente aussi une contrainte majeure : elle est très chronophage. Peut-être pas pour ma mère, qui fait ça à la vitesse de la lumière, mais pour moi, reprendre un patron sur le tissu demandait un temps conséquent que j’avais de moins en moins. Qui plus est, je perdais parfois des bouts de fil à force de manipuler les pièces. Et pour ceux qui restaient, les enlever après assemblage était souvent fastidieux.
En 2017, cherchant à rationaliser mon temps de couture, j’ai décidé de tester la méthode « avec marges » (la plus répandue aujourd’hui, finalement), parce qu’il ne faut jamais dire fontaine. C’est avec ce Plantain que j’ai testé pour la première fois. Et je dois dire, avec tout l’amour et le respect que je porte à ma mère et à son talent de couturière accomplie, qu’adopter cette méthode a littéralement boosté ma productivité.

Une fois posé ce contexte technique, le résultat en lui-même m’a beaucoup plu. La coupe de ce tee-shirt est vraiment parfaite, il fait de jolies épaules et cache avec élégance les petits bidous saillants. Le jersey était parfait, fluide comme il faut, et j’ai finalement beaucoup porté ce tee-shirt « coup d’essai ».

2/ Je m’étais promis de réitérer, mais sans passer à l’acte (je me promets beaucoup de choses qui n’arrivent jamais, croyez-moi). Quand j’ai eu ma surjeteuse, en 2019, j’ai voulu la tester avec un Plantain, et j’ai utilisé pour cela un coupon de jersey métallisé imprimé « serpent » (ou « zèbre », je ne saurais dire, mais en tout cas un animal qui n’aurait pas déparé sur Donna Summer au plus fort des années disco) que je n’aimais pas vraiment – magie des achats de tissus en ligne. C’est un jersey totalement synthétique, fluide mais réticent au repassage, pas forcément évident à travailler. Et j’ai foiré le montage de la bande d’encolure à la surjeteuse, ce qui m’a enseigné une chose : la surjeteuse, c’est pour SURJETER. Depuis, je n’assemble jamais directement à la surjeteuse, je passe toujours par l’étape machine à coudre. Donc, une fois la bande d’encolure foirée, j’ai exilé la chose dans la pile des « causes perdues » (vêtements ratés à refaire, à découper pour récupérer de la mercerie, à raccourcir etc.) en me promettant de recouper les pièces lésées et de le finir… un jour.
Deux mois de confinement national, c’était le minimum pour que j’imagine un jour m’attaquer à cette pile des « causes perdues » – et je l’ai FAIT, nomdidiou.


Quitte à reprendre un ouvrage foiré dans un tissu pas aimé, j’ai décidé d’en faire à nouveau une couture d’études, et de tester la modification du col en V. J’avais trouvé ça très joli sur certaines versions vues sur Instagram, et j’ai suivi le tuto fort clair de Nom d’une couture – c’est beaucoup plus facile que ça n’en a l’air, et j’adore le résultat.

Au final, je pense que je le porterai – d’ailleurs je le porte en ce moment-même. Le jersey synthétique fait qu’il tient chaud, c’est pas mal pour l’automne et l’hiver. Son imprimé graou + doré est… particulier, mais je pense pouvoir assumer ce côté Santa Barbara, qui me dira, pourquoi j’ai le mal de vivre, avec d’autres pièces plus sobres en association (futal noir, gilet sobre).

3/ Et puis la 3e version, cousue en même temps que la 2e : une petite marinière toute simple mais efficace, rayée noir et beige chiné. A la faveur d’un rangement d’atelier pendant le confinement, j’ai retrouvé une vieiiiille chute de ce jersey rayé, et quand je dis « vieille », on parle quasiment de décennie puisque c’était un jersey de viscose dans lequel j’avais cousu une marinière en 2012 (ci-dessous).
La marinière, je ne sais même pas ce qu’elle est devenue ; mais il restait un peu moins d’1m utilisable de ce tissu, et j’ai illico décidé d’y faire un Plantain manches courtes.


Un peu de Tétris plus tard pour faire tenir toutes mes pièces dans la chute : le résultat me plaît beaucoup (malgré le coté Joe Dalton), et en plus je suis contente de mes finitions à l’aiguille double.


J’ai désormais envie de coudre du Plantain au kilomètre. C’est tellement le basique parfait. Manches courtes, longues ou trois quarts ; uni ou imprimé ; avec ou sans coudières ; col rond ou col V ; transformé en tunique ou en robe… Il permet tout. Il n’est pas exclu que d’autres versions sortent encore prochainement des ateliers Marjo : j’ai encore pas mal de jersey farfelus en stock.
C’est tout pour aujourd’hui. Prenez soin de vous, et laissez-moi donc un petit commentaire pour me dire comment vous allez ! A bientôt… peut-être… (leçon n°8 : toujours jouer le mystère pour continuer de séduire).

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