
Ha, la noblesse de la couture ! Progresser, acquérir de nouvelles techniques, apprendre la persévérance et la minutie, remettre son ouvrage cent fois sur le métier…
Noble ! mais chiant.
Parfois, on aime regarder Arte avec les sous-titres – et souvent, on préfère un bon Marvel à grosses ficelles, avec un grand saladier de pop corn.
Fin février, j’ai ressenti la nécessité d’un peu de couture pop corn alors que je me prenais la tête sur des problèmes de patronnage.
La couture pop corn, c’est : un patron basique à trois pièces (Burda Easy, février 2020, rappelez-vous, j’en parlais déjà ici), un tissu facile à manipuler et pas de galère d’ajustement. Et ça donne : ça.
Ce bord-côté biologique Albstoffe, à chevrons lurex, attendait son heure depuis un bon moment dans mon stock. Je l’ai marié à une chute de milano bleu marine : l’union fut heureuse. Taille 36 aux épaules, taille 38 aux hanches (j’aurais même pu descendre d’une taille, mais c’est confort pour le porter sur un autre vêtement). Le patron vient en deux formats, j’ai choisi l’option longue… pour finalement la raccourcir de 4cm.
Bilan : une petite soirée de couture-thérapie pour se souvenir que coudre n’a pas à être prise de tête tout le temps. Et un résultat bien sympathique, facile à porter, idéal sur un col de chemise.
L’histoire pourrait s’arrêter là. J’ai cousu un projet facile et récréatif, ça m’a fait du bien, je peux me remettre au patronnage plus ardu. Allez, je m’y remets !!! C’est parti !!! Haut les coeurs !!!
… Ou alors je procrastine, et je couds encore une autre version de ce petit pull ?
Je ne vais pas te mentir, y’a pas eu des heures de violent combat mental avant de prendre une décision.
Ainsi naquit : le sweat number two.
Ce beau tissu en sweat bio, et le bord-côte (toujours Albstoffe – ils en ont une collection à donner envie d’en coller sur toutes ses fringues) viennent de chez Rascol. C’est amusant, je me suis rendu compte a posteriori que j’avais choisi exactement la même référence de bord-côte que Burda sur son modèle de présentation ci-dessous. Les grands esprits, toussa.
Le choix du jaune était volontaire (outre que j’aimais beaucoup ce motif) : en mars, le jaune, c’est aussi une façon de participer à la sensibilisation sur l’endométriose et depuis l’année dernière, j’essaie de coudre au moins une fringue en jaune en mars (cette chemise l’année dernière).
Pour cette version numéro deux, j’ai préféré dessiner une encolure V selon la technique déjà utilisée pour un tee-shirt Plantain. J’ai raccourci légèrement les manches, pas 3/4 mais juste ce qu’il faut pour dévoiler mes poignets, où j’aime toujours accrocher un peu de quincaillerie. Et j’ai conservé la longueur raccourcie à 4cm.

Bien ! Double dose de couture facile et gratifiante ! Un résultat qui me plaît à chaque fois ! Me voilà parfaitement prête à quitter l’autoroute de l’easy sewing pour reprendre le cheminement exigeant sur les contreforts escarpés du patronnage (comme disait le grand Saint-John Perse dans son ouvrage posthume Y’a pas que Burda dans la vie).
… Ou alors… je couds une version robe ?
De nouveau, inutile de le nier : mon cerveau n’est pas entré en guerre civile avec lui-même pour essayer de me convaincre de me réatteler à mes patrons maison. A la place, j’ai cousu ça :
Le patron est proposé par Burda en version robe, et c’est la base que j’ai utilisée. Le premier résultat, pour être honnête, donnait un informe sac à patates. J’ai donc coupé le sac quelque part vers les hanches, et j’ai utilisé la chute que j’ai resserrée sur les côtés, et montée comme un bord-côte pour avoir cet effet « haut bouffant et mini-jupe ».

Pour l’encolure, j’ai pratiqué une troisième variation, l’arrondie, parce que changer c’est rigolo. Et j’ai gardé les manches raccourcies mais j’ai prolongé le bracelet de manche, parce que je ne suis pas à une contradiction près.
Et voilà donc une petite robe-pull unie, facile à accessoiriser, toute en sobriété et en discrét…
Ah non, pardon. Pas en discrétion du tout. J’avais oublié le dos.

Oui. Il y a une énorme tête de mort en dentelle et tulle dans le dos.

Mes lectrices les plus anciennes me feront peut-être l’honneur de se souvenir que ce n’est pas la première fois que j’utilise cet appliqué. En effet, en juin 2016, j’avais cousu cette robe (patron Mickaelle, République du Chiffon) :
Elle n’était pas vilaine, mais son tissu trop épais faisait qu’elle marquait trop les hanches, qu’elle ne se plaçait pas très joliment aux emmanchures et qu’elle était trop chaude pour l’été (et pas assez pour l’hiver). Bref, je ne la portais pas, j’ai donc soigneusement découpé l’appliqué, avec dans l’idée de le réutiliser 5 ans plus tard pour la couture récréative d’une robe-pull Burda en milano gris. Cette vista que j’ai, parfois.
En plus, je l’ai mieux cousu, en coupant bien l’excès de tulle extérieur que j’avais bizarrement conservé la première fois.
Pour être tout à fait franche, car à toi je ne peux rien cacher ô lecteur·rice à qui je dévoile épistolairement mon âme ici : le seul truc qui me gène un peu sur cette robe, c’est son ourlet qui s’évase un peu. Après avoir coupé le sac à patates, et remonté la mini-jupe : l’effet bouffant, plus l’ajout de ces nouvelles marges de couture ont bien entamé le capital tissu me restant sur les miches. J’ai donc simplement surjeté, plié et piqué le bord inférieur de la jupe. Mais ça donne un ourlet riquiqui et pas très stable. Je devrais y survivre.
Cette fois, j’en ai définitivement fini avec ce patron !!
A moins que ?…
… Non, c’est vraiment fini ! J’ai rouvert mon logiciel de patronnage et repris le boulot. J’ai même terminé le premier jet d’un pantalon sur ordinateur, je n’ai plus qu’à imprimer les planches, l’assembler et monter la première toile.
Sauf que, malédiction, il n’y a plus d’encre dans mon imprimante A3… Je ne recevrai pas les cartouches avant lundi…
Du coup, me voilà contrainte de coudre autre chose ce week-end… [se frappe le front avec le dos de la main] Ô l’abjecte, l’ignoble trahison de la technologie, qui m’éloigne de mes nobles et valeureux objectifs !*
(*joie dans mon cœur de feignasse.)
A bientôt avec du nouveau !